



Le livre « La forêt-jardin » écrit par Martin Crawford vous donne toutes les clés pour créer une véritable forêt comestible adaptée à votre climat.
Fiche de lecture
- Comment fonctionne une forêt comestible ?
- Concevoir votre forêt comestible
- Éléments supplémentaires de conception et d’entretien
Comment fonctionne une forêt comestible ?
Une forêt comestible est un jardin reproduisant la structure d’un jeune boisement naturel et employant des plantes d’intérêt direct ou indirect, souvent comestibles. Elle a pour avantage de nous permettre de travailler avec le terrain plutôt que contre lui. Son entretien est limité pour une haute efficacité et la gamme de productions est large. Elle a une grande résilience face aux extrêmes climatiques et aux changements de temps, elle est biologiquement durable, bénéfique pour l’environnement, esthétique et non-dénuée de potentiel commercial.
Elle a pour principale caractéristique d’imiter la structure de jeunes boisements : elle comporte plusieurs strates de végétaux distribués verticalement, la densité des arbres est optimisée et les interactions interspécifiques sont maximisées. On y trouve une importante diversité et des lisières où la luminosité est plus forte. La majeure partie du sol n’est pas cultivée, la surface du sol est recouverte par la biomasse végétale et la fertilité est en grande partie assurée par les plantes elles-mêmes. A savoir que des clairières sont envisageables dans de grands jardins.
Le changement climatique a de graves impacts sur les plantes cultivées. Il y a les sécheresses et pénuries d’eau en été, le déplacement vers le nord des insectes ravageurs. Les insectes auparavant contrôlés naturellement deviennent des ravageurs de manière imprévisible, des maladies se déplacent vers le nord et de nouvelles maladies imprévisibles et virulentes apparaissent.
Une plante indigène est une plante qui vit ou pousse naturellement, dans une région donnée, sans intervention directe ou indirecte de l’homme. Dans les faits, il ne peut y avoir de liste fixe de plantes indigènes car de nouvelles plantes arrivent en permanence au sein d’un écosystème. La biodiversité dans notre pays est relativement faible et une forêt comestible composée uniquement de plantes indigènes aurait du mal à vous nourrir. C’est pourquoi les plantes étrangères utiles qui accroissent l’autosuffisance locale et l’efficience des systèmes de culture doivent être les bienvenues dans nos jardins.

La consoude de Russie (Symphytum uplandicum) produit une biomasse de feuilles très importante.
Les boisements naturels n’ont pas besoin d’être nourris car leurs nutriments proviennent des fientes d’oiseaux et des déjections de mammifères, des bactéries du sol, des plantes fixatrices d’azote et de la décomposition atmosphérique d’éléments azotés. Le processus naturel de minéralisation des roches et du sol accompagné par les champignons sont une source durable de nombreux nutriments. Les plantes ont besoin d’azote (utilisez des plantes fixatrices d’azote), de potassium (urine, fumier, composte, consoude, farine d’algues, cendres de bois) et de phosphore (cendres de bois).
L’azote issu de plantes fixatrices est rendu bio-disponible pour les autres plantes. Il y a trois processus :
- La litière, riche en azote.
- Le renouvellement des racines et les exsudats racinaires.
- Les champignons mycorhiziens.
De plus, les plantes fixatrices d’azote permettent d’accumuler les minéraux, font office de brise-vent, ont souvent un caractère mellifère, améliorent les sols, préviennent les maladies ou peuvent être comestibles.

Caseilles
Concevoir votre forêt comestible
La manière de préparer le sol avant toute plantation dépend de la vitesse à laquelle vous souhaitez implanter votre forêt comestible. Pour les petits jardins, il est possible de planter toute la palette végétale en une seule fois durant un hiver, mais la plupart des gens plantent leur forêt comestible sur plusieurs années, ce qui leur évite de devoir commencer par un sol nu et sans mauvaise herbe.
Analysez votre sol et s’il tend vers un extrême (acides, alcalins, sableux, argileux), essayez de l’améliorer avant de planter.
Que vous plantiez des arbres ou des arbustes, ils doivent être systématiquement paillés pour réduire ou éliminer la compétition entre l’herbe et les arbres et ralentir la perte d’humidité du sol durant l’été.

1. Arbres plantés dans l’herbe avec paillage individuel.
2. Une zone est paillée pour tuer l’herbe.
3. Le sol est prêt pour les plantations, une nouvelle zone est paillée.
Plantez pendant la période de dormance :
- Les arbres, arbustes et couvrent-sol de septembre à janvier.
- Les plantes couvrent–sol et les vivaces herbacées au printemps avec un mulch organique.
- Les arbres et arbustes fragiles en mars ou avril.
Suite à vos semis, vous risquez d’avoir des problèmes avec les limaces et les escargots : surélevez les plaques de semis, favorisez les batraciens et utilisez des granulés anti-limaces biologiques. En cas de fonte des semis, améliorez l’aération et augmentez la température. Contre les mouches du terreau, utilisez des pièges collants jaunes et contre les othiorhynques, employez des nématodes.

Bouturer ses plantes est très simple et demande un minimum de matériel.
Pour multiplier vos plantes, vous pouvez pratiquer le bouturage (boutures ligneuses, herbacées ou semi ligneuses, de racines), le marcottage (en butte ou non) ou la division. Devenir un bon greffeur avec un couteau est une question de pratique, il existe heureusement des pinces à greffer rendant le processus plus simple, plus rapide et plus efficace.

La hauteur optimale des brise-vent.
Pour concevoir votre forêt comestible :
- Déterminez vos objectifs, vos attentes, votre temps et vos ressources.
- Rassemblez les informations sur le site et cartographiez-le.
- Statuez sur la vitesse de plantation et sur les étapes de succession.
- Élaborez les brise-vent, haies et lisières.
- Concevez la strate arborescente.
- Concevez la strate arbustive.
- Concevez la strate herbacée et couvre–sol.
- Concevez la strate annuelle, bisannuelle et grimpante.
- Choisissez les fixateurs d’azote.
- Délimitez les clairières, les espaces de vie et les cheminements.
La productivité de toute culture est améliorée quand elle est abritée. Une bonne protection suppose une vitesse du vent réduite, une augmentation de la température diurne de l’air, une augmentation de la température à la surface des feuilles (augmente le rendement de la photosynthèse), une augmentation de la température du sol, une évaporation réduite de l’eau du sol et un accroissement des récoltes de 10 à 30 %.

La « canopée » est la strate supérieure des plus grands arbres.
La canopée est sans doute la partie la plus importante d’une forêt comestible.
Lors de sa conception, les noyers, les eucalyptus, le frêne, les peupliers ou les grands saules ont tendance à être de mauvais compagnons.
Durant votre phase de conception, pensez aux éléments suivants :
- Le profil de hauteur globale que vous souhaitez.
- Les espaces entre les couronnes des arbres.
- L’aspect et les différentes particularités du site.
- Les différences de sol sur le site.
- Les microclimats.
- Les exigences de chaque arbre.
- Les besoins de pollinisation.
- L’allélopathie et la compétition.
- L’effet bénéfique d’autres arbres.
- La hauteur de la canopée.
Réfléchissez également au positionnement des arbres fixateurs d’azote (près des fruitiers très productifs), mélangez les espèces et gardez votre but esthétique en tête.

Coing « Monstrueux de Vranja ».
Disposer les arbustes dans une forêt comestible est bien plus simple que de placer les arbres. Les paramètres à prendre en compte lors de cette phase sont les mêmes que lors de la conception de la canopée.
Dans une forêt comestible, les guildes sont des groupes d’espèces qui s’apportent des bénéfices mutuels de diverses manières, améliorant l’autogestion et réduisant le travail requis pour le maintien du système. Une guilde idéale doit comporter diverses plantes qui fixent l’azote, accumulent les minéraux, favorisent les insectes auxiliaires, sont mellifères, ont des systèmes racinaires différents, sont aromatiques pour perturber les ravageurs et d’autres couvrent-sol.
À mesure de la croissance de vos arbres, vous vous apercevrez qu’il existe des zones où subsiste une place inattendue et d’autres où l’espace disponible est moindre par rapport à vos espérances. Là où la place le permet, continuez à planter des arbustes et faites des boutures. Les arbustes sont faciles à couper et à supprimer si vous décidez que certaines plantes ne répondent pas à vos attentes.

a. une couche de paillage est installée pour éliminer les graminées…
b. Le paillage est déplacé sur une zone adjacente et parallèle, et une première plantation est effectuée sur la zone libre.
c. Un an plus tard, le paillage est décalé vers une nouvelle zone parallèle, les végétaux peuvent coloniser la nouvelle surface.
Pour la strate basse qui recouvre le sol, de nombreuses plantes peuvent être utilisées. Lors de sa conception, vous devez vous assurer d’éliminer les mauvaises herbes avant la plantation. Plantez par patches de une à trois espèces, utilisez différents types de plantes pour différentes situations, incluez des plantes ombrophiles, cultivez des espèces faciles à multiplier, installez des plates-bandes de multiplication, ne plantez pas trop près des jeunes arbres et arbustes, utilisez la technique de la bordure extensible (une couche de paillage est installée pour éliminer les graminées, elle est déplacée sur une zone adjacente et parallèle, et une première plantation est effectuée sur la zone désormais libre. Un an plus tard, les plantes se sont établies, le paillage est décalé vers une nouvelle zone parallèle et les végétaux peuvent coloniser la surface nouvellement nettoyée), concevez des bordures si nécessaires, prenez en compte les ligneux poussant au-dessus et plantez en quinconce.
Les plantes annuelles et bisannuelles ont une courte durée de vie et demandent généralement des sols perturbés. Elles survivront donc au sein d’une forêt comestible seulement si elles peuvent se ressemer spontanément à l’ombre ou à la mi-ombre et que les graines tombent sur un sol nu ou faiblement couvert au printemps, ou si elles sont semées et/ou cultivées puis repiquées en extérieur chaque année. La majorité des grimpantes sont des plantes de lisière forestière, leurs racines apprécient donc un sol forestier frais tandis que leurs tiges vont chercher la lumière à travers les arbres dans la canopée.
Éléments supplémentaires de conception et d’entretien
Dans une forêt comestible, vous pouvez aménager des trous et puits lumineux entre les arbres pour cultiver des plantes demandant un entretien régulier, faire pousser des arbres ou arbustes plus exigeants en lumière et en chaleur, en limite d’aire de rusticité, créer un étang ou une mare ou disposer d’un espace dédié à la promenade et aux jeux.
Lors de l’implantation d’arbres autour d’une clairière, la hauteur des plantes le long de la lisière Ouest doit rester faible, celle des plantes de la lisière Sud peut être un peu plus grande mais doit rester mesurée et celle en lisière nord peut être aussi grande que l’on souhaite.

Récolte généreuse des kiwis.
Les cheminements permanents sont nécessaires dans une forêt comestible, il vaut toutefois mieux minimiser leur nombre car ils requièrent toujours du travail supplémentaire pour les maintenir en état. Ils peuvent être divisés en deux catégories :
- Les chemins principaux : utilisés fréquemment pour accéder à certaines zones éloignées et pour transporter les paillage et d’autres matériaux.
- Les chemins secondaires : utilisés pour atteindre des zones spécifiques pendant les récoltes ou d’autres opérations moins fréquentes.
Ils peuvent être faits en graminée tolérant l’ombre, en matériaux inertes (briques, pavées…) ou en paillage organique comme la paille ou les copeaux d’écorce ou de bois.

Culture de shiitake (Lentinula edodes) sur des bûches de chêne.
Les champignons apparaîtront naturellement dans une forêt comestible au fil du temps, en particulier les espèces mycorhiziennes associées aux arbres et arbustes, et les décomposeurs s’attaquant au bois (vivant ou mort). Il existe trois types de champignons utiles pouvant être introduits dans une forêt comestible :
- Les champignons forestiers mycorhiziens.
- Les décomposeurs primaires.
- Les décomposeurs secondaires.
La plupart des arbres et arbustes forment des relations symbiotiques. Nombre de plantes ne se développent bien qu’en présence d’un mycorhize adapté. Les champignons améliorent le prélèvement de minéraux par les plantes et les plantes leurs fournissent des sucres en retour. Leur association réduit le stress hydrique et thermique, améliore la fixation de l’azote, protège contre les pathogènes telluriques, peut transférer l’azote et le phosphore d’une plante à une autre mais attention, elle est fragilisée par le travail du sol et une fertilisation excessive.
La culture de champignons sur rondins de bois est une manière facile de convertir le bois, issu par exemple du recépage de certains arbres, en nourriture. Vous pouvez inoculer une souche en utilisant des bouchons inoculés ou par inoculation de disques ou de fragments. Dans une culture sur souches, des fragments de souche sont retirés, recouverts de sciure inoculée puis replacés et fixés à l’aide de clous. Autrement, la partie supérieure de la souche est tronçonnée, enduite de sciure inoculée puis remise en place et fixée à l’aide de lanières de bois cloué. Pour cultiver les champignons sur rondin, il suffit de percer une bûche enfoncée dans le sol après trempage et de l’inoculer.

La forêt comprend plusieurs strates de végétations imbriquées les unes dans les autres (grands arbres, petits arbres, buissons, herbacées et couvre-sol, bulbes, grimpantes).
La plupart des plantes d’une forêt comestible tempérée n’auront pas besoin d’arrosage, même durant les coups de chaleur et de sécheresses estivaux. Cependant, pour augmenter la productivité de vos arbres, vous pouvez envisager une irrigation sélective des arbres d’intérêt ou fruitiers, créer un réservoir ou utiliser un système de micro-irrigation.
Le désherbage dans une forêt comestible prend bien moins de temps que dans les jardins conventionnels. Concentrez-vous sur les plantes qui pourraient devenir une nuisance si on les laisse faire (ronces) et si une zone devient excessivement envahie, remplacez le couvert existant par un autre.
Normalement, de nombreux prédateurs régulent les populations d’insectes ravageurs. L’avantage de la forêt est qu’elle s’autorégule. Enfin, si des maladies fongiques apparaissent sur certains de vos arbres, voyez si vous pouvez améliorer leurs conditions de vie : un arbre stressé est toujours plus sensible aux maladies.

Pâquerettes (Bellis perennis) et Valériane officinale
N’oubliez pas que les jardins comestibles doivent être des lieux agréables et conviviaux. Au fil du temps, vous allez devenir un élément à part entière de la forêt et des multiples êtres vivants qui l’habitent. Expérimentez, amusez-vous, essayez de nouvelles choses : tout cela rend la vie plus intéressante.
Vous pouvez vous procurer le livre sur :
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- La librairie Eyrolles : https://www.eyrolles.com/Loisirs/Livre/la-foret-jardin-9782841389216/?ae=60
Sommaire
Préface de l’édition anglaise par Rob Hopkins
Préface de l’édition française par Charles-Hervé Gruyer
Comment utiliser le livre ?
COMMENT FONCTIONNE UNE FORÊT COMESTIBLE ?
- Les forêts comestibles
- Caractéristiques et productions d’une forêt comestible
- Les effets du changement climatique
- Plantes indigènes, plantes exotiques
- Imiter la forêt
- La fertilité des forêts comestibles
CONCEVOIR VOTRE FORÊT COMESTIBLE
- Préparation du sol et plantation
- Produire ses propres plantes
- Premières étapes de conception
- Les brise-vent
- Les espèces de la canopée
- Concevoir la canopée
- Les arbustes
- Planter la strate arbustive
- Vivaces herbacées et espèces couvre-sol
- Concevoir la strate vivace et couvre-sol
- Annuelles, bisannuelles et grimpantes
- Concevoir avec les annuelles et grimpantes.
ÉLÉMENTS SUPPLÉMENTAIRES DE CONCEPTION ET D’ENTRETIEN
- Les clairières
- Les cheminements
- Cultiver des champignons dans une forêt comestible.
- Récolter et conserver
- Entretenir la forêt comestible
- L’entretien courant
Glossaire
Annexe 1 : Tableaux de multiplication
Annexe 2 : Arbres et arbustes pour haies et clôtures
Annexe 3 : Plantes utiles aux insectes auxiliaires et abeilles
Annexe 4 : Cultures comestibles par période d’utilisation
Liens et adresses utiles
Index
1 Commentaire
bjr, mon ami Camille fait’la’promo de ce livre qui a l’air top. vs ne mentionnez pas une idée du coût a la louche. serait il possible d’en savoir plus? d’avance merci